Témoignages

Langues anciennes et technologies

Grégory Cromphout enseigne le latin. Il explique comment l’outil numérique l’aide à former ses élèves à l’utilisation responsable des médias.

J’utilise l’iPad pour offrir à mes élèves un enseignement différent, plus complet, plus varié. Jamais il n’a été aussi simple pour moi d’organiser efficacement des leçons d’éducation aux médias, de préparer les élèves à une recherche efficace et responsable sur Internet, de leur permettre de comprendre ce qu’était le plagiat, le droit d’auteur… Toutes des notions plus que jamais indispensables à la formation d’un citoyen responsable, mission que s’est donnée l’école d’aujourd’hui.
S’il est difficile d’établir une corrélation directe entre l’amélioration des résultats des élèves et l’utilisation régulière de l’outil que représente l’iPad, il est en tout cas indéniable que celui-ci permet à tous les élèves de retrouver une motivation à participer au cours, à percevoir le sens et l’utilité de ce qui est fait en classe. Il n’est pas rare que l’un ou l’autre élève s’étonne tout à coup de constater qu’Internet, cela peut aussi servir à apprendre des choses, à vérifier une information, que ces outils offrent aussi d’incroyables possibilités pour mieux s’organiser, etc. La transposition est vite faite avec le smartphone toujours en poche…

Il faut toutefois reconnaître que l’iPad n’est pas la panacée : bien que l’iPad plante beaucoup moins qu’un ordinateur, la plupart de ses emplois dépendent d’une connexion Internet qui n’est pas toujours stable dans une école, un plan B est toujours à prévoir, ce qui reste frustrant. En outre, les toutes premières leçons sont plus laborieuses, tous les élèves n’étant pas égaux face aux nouvelles technologies, mais quelle satisfaction de constater après quelques leçons que tous manient désormais l’objet sans effort ! Jamais la résorption de la fracture numérique n’a été aussi bien perçue !

N’oublions pas non plus les heures de formation pour parvenir à appréhender toutes les possibilités de l’outil au-delà de son emploi quotidien classique. Le plus difficile n’est finalement pas d’apprendre à l’utiliser mais bien de faire le tour de tout ce qu’il a à offrir. De mon côté, j’ai toujours pratiqué par étape, Apps par Apps : que pourrais-je faire d’intéressant avec Safari ? avec Nearpod ? avec PuppetPals? Cela réclame moins de temps, il ne faut maîtriser qu’une Apps à la fois. Après de premières leçons assez basiques, des idées plus complexes ont pu voir le jour, combinant plusieurs Apps, visant plusieurs objectifs en même temps.

En définitive, je considère l’iPad comme une porte ouverte sur de nouvelles pratiques qui font plus que jamais sens pour les élèves. Ceux-ci se sentent à l’aise, dans un environnement plus rassurant que celui de la classe « classique », avec un certain nombre de repères qu’ils connaissent en dehors de l’école. Google reste Google, en classe ou à la maison. C’est aussi l’occasion pour eux de développer et de démontrer d’autres compétences qu’ils ont acquises, de se rendre compte qu’il existe un pont entre les apprentissages scolaires et la vie quotidienne.

Dans un monde où les compétences, d’abord d’entreprises puis scolaires, ont plus que jamais mis l’accent sur la production, l’iPad offre un panel de potentialités qui défie toute concurrence : sans renoncer à l’écrit, l’élève est désormais amené à produire aussi par le biais d’autres supports (sons, vidéos, montages photos, Keynote…) souvent plus proches de ce qu’il sera amené à produire dans sa future vie active.
Non seulement les iPad changent le rapport des élèves au cours qui s’en trouve modernisé, mais c’est aussi un facteur de remise en question pour les enseignants qui sont amenés à considérer leurs leçons sous un autre angle, avec un nouveau champ de liberté et d’investigation qui ne demande qu’à être exploré.
À l’approche de la fin de l’année, les élèves sont amenés à préparer, à l’usage des élèves de l’année inférieure, une courte bande-annonce de présentation du cours qu’ils ont suivi depuis septembre. Textes, leçons de civilisation, activités intra- ou extra-muros… à eux de choisir ce qui représente le mieux ce qu’a été pour eux le cours de latin tout au long de l’année pour donner aux élèves qui doivent choisir de poursuivre ou non l’option la vision la plus exacte possible de ce qui les attend.

En plus d’être amenés à devoir présenter une synthèse mêlant l’oral et l’écrit (5e compétence), les élèves doivent prendre le recul nécessaire pour avoir une vision d’ensemble du cours, faire des choix pertinents tant sur le contenu que sur la forme.

En outre, ils sont amenés à devoir pratiquer notamment des recherches (principalement iconographiques) sur Internet.
Les élèves utilisent iMovie, Safari, Photos et Voice pour réaliser leur synthèse.

Véritable tâche complexe, l’activité est ressentie d’autant plus positivement que l’évaluation n’est pas perçue comme le premier objectif mais bien la communication avec les élèves qui seront amenés à voir la vidéo (sur un support particulièrement moderne qui plus est).
Une fois l’activité achevée, les élèves ne sont pas impatients de connaître leur note mais bien de savoir si le « public » a apprécié leur production (et de découvrir celle qui a été préparée pour eux par les élèves de l’année supérieure).
En outre, cette activité permet, à l’approche des examens, de fournir à l’élève une vision d’ensemble du cours cohérente.
L’arrivée d’un outil tel que l’iPad dans une école est souvent source de crainte : combien de temps pour se sentir à l’aise avec l’appareil ? combien de temps de préparation me faudra-t-il pour chaque leçon ? ne vais-je pas perdre un temps précieux en classe ? …

En réalité, une fois l’outil pris en main (ce qui se fait dans un délai raisonnable vu son intuitivité), le principal avantage de l’iPad est la liberté d’utilisation qu’il autorise. Selon le degré d’implication et d’approfondissement recherché, une préparation sur iPad peut être très rapide. Par exemple, une leçon lors de laquelle les élèves sont amenés à faire de simples recherches sur Safari peut être particulièrement vivante et formatrice (éducation aux médias, à la recherche responsable…) sans que le temps de préparation pour l’enseignant ait été particulièrement important. Et cela serait impossible sans l’iPad.

En pratique, une leçon plus complexe réclamera surtout une bonne part de réflexion. Une fois les possibilités de l’outil appréhendées, il faut surtout trouver les idées qui feront de l’iPad une réelle plus-value pour le cours, les mettre en place ne prend pas plus de temps qu’une préparation normale et la leçon en classe se déroule généralement beaucoup plus vite qu’avec d’autres supports.

Non seulement les iPad changent le rapport des élèves au cours qui s’en trouve modernisé, mais c’est aussi un facteur de remise en question pour les enseignants qui sont amenés à considérer leurs leçons sous un autre angle, avec un nouveau champ de liberté et d’investigation qui ne demande qu’à être exploré. Personnellement, j’ai ajouté une nouvelle dimension à mes syllabus disponibles sur l’iPad en y intégrant des séquences interactives : réalité augmentée, exercices de lignes du temps …


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