Témoignages

Projet 1:1 iPad Dilsen

Redonner le goût de l'antique par l'image et le numérique

Jean-Philippe Bolle est professeur de latin au Collège N-D de Bellevue et porteur de projet École Numérique. Nous lui avons demandé comment l’application iBooks Author permettant de créer des manuels interactifs lui avait permis de concrétiser son projet.
Comme professeurs de latin, nous ne voulions pas seulement redonner le goût de la culture antique, entre déclinaisons et traductions, nous souhaitions développer les compétences transversales de lecture et d’écriture, sous toutes leurs formes - image, texte, animation et vidéo - et ce, quels que soient les médias utilisés. Alors quoi de mieux que les produits proposés par Apple: nous étions émerveillés par la qualité de l’écran et par le caractère intuitif des iPads; nous étions subjugués par les possibilités nouvelles qu’offraient iBooks Author et ses widgets ainsi que par les logiciels afférents (par exemple, le logiciel Tumult Hype ou encore l’excellent exerciseur BookWidgets).
Aujourd’hui, le projet Romæ rumores, c’est deux manuels numérisés et un troisième en passe de le devenir.
Serions-nous dans le meilleur des mondes? Evidemment, non. Nos parcours sont parsemés d’erreurs méthodologiques, de tâtonnements pédagogiques dont les élèves ne nous tiennent heureusement pas rigueur. Par ailleurs, les livres multimédia générés par iBooks Author ne sont correctement lisibles, hélas, que sur des tablettes à la blanche pomme…
Cela ne nous freine cependant pas: nous travaillons actuellement sur la création d’un guide touristique pour la Provence antique dont les contenus - vidéos et textes, illustrations et animations, exercices enfin - seront créés par les étudiants.

> Projet École Numérique Romæ Rumores
> Fiche d’activité n° 83 publiée sur le site ecolenumerique.be
> Extrait du cours de latin numérique « Romæ Rumores » au format iBooks [lien Dropbox]
> Chaîne YouTube Jean-Philippe Bolle

Un projet pilote iPad pour des pionniers …

Luc Viatour, personne-ressources à l’Institut Saint-Joseph de Ciney, a été lauréat du premier appel à projet École Numérique: grâce au dossier qu’il a rentré, l’école a reçu des malles d’iPad (± 60 tablettes). Après quelques mois d’utilisation, nous l’avons interviewé.
Comment et pourquoi la décision d’intégrer les iPad a-t-elle été prise dans votre établissement ? Avez-vous été concerté ?
Je suis un prof indépendant. Et la direction me laisse travailler dans cette indépendance. Elle sait que les projets menés le sont toujours dans le bien de l’école et des élèves; j’ai donc décidé tout seul de remplir le premier appel «école numérique», et de le présenter. J’en ai averti mon directeur lorsque le projet a été déposé. J’avais envie de moderniser ma façon de donner cours, j'en avais marre des cours magistraux, je voulais de l’action pour mes élèves afin qu’ils développent leur autonomie tout en respectant leur rythme d’apprentissage.

De quel accompagnement ou soutien avez-vous bénéficié ?
Je suis personne-ressource à l’école. Je suis également ADE, et formateur pour l’asbl de formation Interteam, qui oeuvre dans la formation aux TIC en éducation. Je n’avais donc pas besoin de formation, puisque je domine ces problématiques. Le soutien reçu fut celui des collègues d'Interteam et de mes collègues de l’école, qui m’encourageaient à continuer.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées avec le matériel ?
Aucune? J’avais bien étudié la problématique des recharges et des synchronisations; nous avions donc directement opté pour la malle Magellan 24 de Kallysta. Elle simplifie vraiment la vie des personnes responsables d’un parc d’iPad.

Avez-vous constaté une modification du comportement des élèves lors du travail avec l’iPad ? Quel est le climat de classe ?
Les élèves sont vraiment devenus des acteurs de leur formation. Ils travaillent à leur rythme. Et c’est vraiment extraordinaire de les voir travailler, concentrés, seuls sur une matière donnée. Le silence règne, la concentration est maximale. La compréhension optimale.

Quelle organisation de classe faut-il mettre en place pour optimiser l’utilisation de l’iPad ?
Il faut donner des consignes claires et précises. Par exemple, l’iPad ne quitte pas la table. Mais il faut aussi établir des règles. Chaque élève reçoit toujours le même iPad. Il en est responsable. S’il y a un problème (ce qui n’est jamais arrivé) il en sera tenu pour responsable.

Depuis que vous utilisez l’iPad, avez-vous modifié votre cours, vos pratiques ? Pédagogiquement, qu’implique l’intégration des iPad dans la classe ?
Bien sûr, mon rôle de prof s’en est trouvé transformé. Je suis devenu un conseiller, un guide dans les apprentissages des élèves. Les feuilles de cours sont peut-être toujours les mêmes, mais l’animation de classe est toute différente.

Qu'est-ce que l'iPad permet et que l'on ne pouvait pas faire auparavant ?
L'iPad ne fait rien de mieux. On peut donner des cours nuls avec un iPad; Il faut considérer l’iPad comme un outil supplémentaire. Un outil qui permet de développer l’autonomie de l’élève, qui permet de respecter ses rythmes d’apprentissage, mais aussi un outil qui permet au professeur de rester plus longtemps auprès des élèves qui ont des difficultés de compréhension.
L’iPad nous a permis, à Valérie Beguin de Champion et à moi de mettre au point une méthode de classe inversée; Un site web est né; Il est utilisé cette année par tous mes collègues de 3e, mais aussi par plus de 1000 utilisateurs différents chaque jour.

Quelles sont les applications qui le permettent ?
J’en retiendrai 4 ou 5 en math:
- mathination, l’application qui m’a fait comprendre que l’iPad est un outil formidable en terme d’individualisation;
- Showme, un logiciel de « tableau blanc », basique, mais tellement simple à utiliser, que les élèves créent eux-mêmes leurs propres vidéos explicatives;
- Steps2math dans la même idée que mathination, mais complémentaire;
- Géogébra sur iPad, le célèbre logiciel de géométrie qui est une révélation sur iPad;

Quel est le point fort de l’iPad ? et son point faible ?
Il obéit du bout du doigt, est d’une convivialité et d’une ergonomie magnifique. Après 3 ans, les batteries tiennent toujours 10h sans problème.
Des points faibles, un seul point faible? Je n’en vois pas.

Pouvez-vous déjà donner des exemples d'activités en les mettant en relation avec les compétences à travailler ? 
Je vous invite à visiter le site mathinverses.weebly.be pour retrouver non pas une ou deux activités, mais des dizaines d’activités mathématiques.
Dans les autres branches, on utilise l’iPad pour des créations de bandes dessinées, de 4e de couverture, de présentations multimédias qui font appel à la compétence savoir écrire que ce soit en français ou en langues étrangères.
On peut aussi utiliser l’iPad pour la compréhension à l’audition.

Pouvez-vous évaluer les impacts sur les résultats scolaires (si oui, comment avez-vous procédé pour comparer) , la motivation ?
On ne peut jamais comparer une classe d’une année avec une autre classe, quelle que soit l’année. Les élèves sont différents. Mais je vois les yeux des élèves briller lorsque l’on parle de math. Lumière qui s’était éteinte avec leurs difficultés; l’iPad les aide à voir les math autrement, à les comprendre, à les aborder pour les comprendre plutôt que pour les réussir comme on réussit une recette de cuisine sans comprendre ce qui se passe. Cette lumière dans leurs yeux éclaire ma carrière de prof et me donne envie de continuer à les motiver avec un iPad ou avec les classes inversées.

Envisagez-vous de poursuivre l’expérience avec l’iPad ?
Bien sûr. Qui voudrait arrêter avec des résultats pareils? Avec des collègues de plus en plus enthousiastes ?
Notre projet pour école numérique 3 a été accepté, nous allons donc continuer à faire avancer le projet de classe numérique dans les autres années, tout en croisant les expériences avec une autre école plus spécialisée en français.

Quels conseils donneriez-vous à un enseignant qui souhaiterait utiliser les tablettes en classe ?  
D’abord, savoir l’utiliser pour lui même, pour son plaisir, pour ses loisirs.
Ensuite, commencer doucement en classe avec des applications qui ne révolutionneront pas ses pratiques pédagogiques, qui permettront de faire autrement des choses qu’il faisait déjà avec un bic et un cahier. Ensuite, penser à développer l’autonomie des élèves en créant des activités plus individualisées. C’est dans ce cadre-là que l’asbl interteam forme des enseignants à Ciney (http://www.inter-team.info/dayclic/2014.html)


Nombre d’élèves dans l’école: 1300
Nombre d’enseignants: 200
Nombre d’iPad: 60
Date de l’installation: janvier 2011

La décision d’intégrer les iPad a bien été accueillie dans mon établissement; directement un groupe de 13 ou 14 profs s’est constitué, s’est formé. Les membres ont acquis un iPad et l’utilisent dans leurs cours. Les freins à l'utilisation de l'iPad par certains enseignants sont la peur de la technique, la peur du futur, la peur de la perte de leur rôle de magister, la peur de perdre leur aura, leur autorité, de ne pas tout dominer.
Nous avons informé les parents en les intégrant dans le processus d'adoption : des lettres de présentation du projet ont été envoyées, des réunions ont été organisées. Les parents sont enchantés.
Si je devais donner un avis à un directeur d'établissement qui envisage d’intégrer l’iPad dans son établissement scolaire, je lui dirais: osez, et formez !


> Site Mathsinversées
> Site Interteam

Langues anciennes et technologies

Grégory Cromphout enseigne le latin. Il explique comment l’outil numérique l’aide à former ses élèves à l’utilisation responsable des médias.

J’utilise l’iPad pour offrir à mes élèves un enseignement différent, plus complet, plus varié. Jamais il n’a été aussi simple pour moi d’organiser efficacement des leçons d’éducation aux médias, de préparer les élèves à une recherche efficace et responsable sur Internet, de leur permettre de comprendre ce qu’était le plagiat, le droit d’auteur… Toutes des notions plus que jamais indispensables à la formation d’un citoyen responsable, mission que s’est donnée l’école d’aujourd’hui.
S’il est difficile d’établir une corrélation directe entre l’amélioration des résultats des élèves et l’utilisation régulière de l’outil que représente l’iPad, il est en tout cas indéniable que celui-ci permet à tous les élèves de retrouver une motivation à participer au cours, à percevoir le sens et l’utilité de ce qui est fait en classe. Il n’est pas rare que l’un ou l’autre élève s’étonne tout à coup de constater qu’Internet, cela peut aussi servir à apprendre des choses, à vérifier une information, que ces outils offrent aussi d’incroyables possibilités pour mieux s’organiser, etc. La transposition est vite faite avec le smartphone toujours en poche…

Il faut toutefois reconnaître que l’iPad n’est pas la panacée : bien que l’iPad plante beaucoup moins qu’un ordinateur, la plupart de ses emplois dépendent d’une connexion Internet qui n’est pas toujours stable dans une école, un plan B est toujours à prévoir, ce qui reste frustrant. En outre, les toutes premières leçons sont plus laborieuses, tous les élèves n’étant pas égaux face aux nouvelles technologies, mais quelle satisfaction de constater après quelques leçons que tous manient désormais l’objet sans effort ! Jamais la résorption de la fracture numérique n’a été aussi bien perçue !

N’oublions pas non plus les heures de formation pour parvenir à appréhender toutes les possibilités de l’outil au-delà de son emploi quotidien classique. Le plus difficile n’est finalement pas d’apprendre à l’utiliser mais bien de faire le tour de tout ce qu’il a à offrir. De mon côté, j’ai toujours pratiqué par étape, Apps par Apps : que pourrais-je faire d’intéressant avec Safari ? avec Nearpod ? avec PuppetPals? Cela réclame moins de temps, il ne faut maîtriser qu’une Apps à la fois. Après de premières leçons assez basiques, des idées plus complexes ont pu voir le jour, combinant plusieurs Apps, visant plusieurs objectifs en même temps.

En définitive, je considère l’iPad comme une porte ouverte sur de nouvelles pratiques qui font plus que jamais sens pour les élèves. Ceux-ci se sentent à l’aise, dans un environnement plus rassurant que celui de la classe « classique », avec un certain nombre de repères qu’ils connaissent en dehors de l’école. Google reste Google, en classe ou à la maison. C’est aussi l’occasion pour eux de développer et de démontrer d’autres compétences qu’ils ont acquises, de se rendre compte qu’il existe un pont entre les apprentissages scolaires et la vie quotidienne.

Dans un monde où les compétences, d’abord d’entreprises puis scolaires, ont plus que jamais mis l’accent sur la production, l’iPad offre un panel de potentialités qui défie toute concurrence : sans renoncer à l’écrit, l’élève est désormais amené à produire aussi par le biais d’autres supports (sons, vidéos, montages photos, Keynote…) souvent plus proches de ce qu’il sera amené à produire dans sa future vie active.
Non seulement les iPad changent le rapport des élèves au cours qui s’en trouve modernisé, mais c’est aussi un facteur de remise en question pour les enseignants qui sont amenés à considérer leurs leçons sous un autre angle, avec un nouveau champ de liberté et d’investigation qui ne demande qu’à être exploré.
À l’approche de la fin de l’année, les élèves sont amenés à préparer, à l’usage des élèves de l’année inférieure, une courte bande-annonce de présentation du cours qu’ils ont suivi depuis septembre. Textes, leçons de civilisation, activités intra- ou extra-muros… à eux de choisir ce qui représente le mieux ce qu’a été pour eux le cours de latin tout au long de l’année pour donner aux élèves qui doivent choisir de poursuivre ou non l’option la vision la plus exacte possible de ce qui les attend.

En plus d’être amenés à devoir présenter une synthèse mêlant l’oral et l’écrit (5e compétence), les élèves doivent prendre le recul nécessaire pour avoir une vision d’ensemble du cours, faire des choix pertinents tant sur le contenu que sur la forme.

En outre, ils sont amenés à devoir pratiquer notamment des recherches (principalement iconographiques) sur Internet.
Les élèves utilisent iMovie, Safari, Photos et Voice pour réaliser leur synthèse.

Véritable tâche complexe, l’activité est ressentie d’autant plus positivement que l’évaluation n’est pas perçue comme le premier objectif mais bien la communication avec les élèves qui seront amenés à voir la vidéo (sur un support particulièrement moderne qui plus est).
Une fois l’activité achevée, les élèves ne sont pas impatients de connaître leur note mais bien de savoir si le « public » a apprécié leur production (et de découvrir celle qui a été préparée pour eux par les élèves de l’année supérieure).
En outre, cette activité permet, à l’approche des examens, de fournir à l’élève une vision d’ensemble du cours cohérente.
L’arrivée d’un outil tel que l’iPad dans une école est souvent source de crainte : combien de temps pour se sentir à l’aise avec l’appareil ? combien de temps de préparation me faudra-t-il pour chaque leçon ? ne vais-je pas perdre un temps précieux en classe ? …

En réalité, une fois l’outil pris en main (ce qui se fait dans un délai raisonnable vu son intuitivité), le principal avantage de l’iPad est la liberté d’utilisation qu’il autorise. Selon le degré d’implication et d’approfondissement recherché, une préparation sur iPad peut être très rapide. Par exemple, une leçon lors de laquelle les élèves sont amenés à faire de simples recherches sur Safari peut être particulièrement vivante et formatrice (éducation aux médias, à la recherche responsable…) sans que le temps de préparation pour l’enseignant ait été particulièrement important. Et cela serait impossible sans l’iPad.

En pratique, une leçon plus complexe réclamera surtout une bonne part de réflexion. Une fois les possibilités de l’outil appréhendées, il faut surtout trouver les idées qui feront de l’iPad une réelle plus-value pour le cours, les mettre en place ne prend pas plus de temps qu’une préparation normale et la leçon en classe se déroule généralement beaucoup plus vite qu’avec d’autres supports.

Non seulement les iPad changent le rapport des élèves au cours qui s’en trouve modernisé, mais c’est aussi un facteur de remise en question pour les enseignants qui sont amenés à considérer leurs leçons sous un autre angle, avec un nouveau champ de liberté et d’investigation qui ne demande qu’à être exploré. Personnellement, j’ai ajouté une nouvelle dimension à mes syllabus disponibles sur l’iPad en y intégrant des séquences interactives : réalité augmentée, exercices de lignes du temps …


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